L'œil où l'on regarde

je sillonne sur différents sentiers. Il y a le trait, brutal sur des aplats de couleur vives, qui rythme et dit une présence. Le trait qui signifie et garde tout son mystère. La joie enfantine de la trace, de l'empreinte laissée. Une peinture rupestre de l'immédiateté. Il y a l'austérité voulue des estampes monochromes, et des volumes en bois brûlé. Les compositions 3D qui libèrent les sérigraphies de leur support, les mannequins rendus à leur destin. tout matériau est bon. Il s'agit d'une traversée, de moi inconnu, et qui le reste malgré tout.  Une errance bienfaisante et euphorique dans l'archéologie de l'intime. Oui je cherche un (dés)équilibre, une figure rythmique, une émotion, mais en fin de compte le but est de chercher. Chaque travail me rassure momentanément sur mon incarnation au monde. C'est une question sans objet et un remerciement. Une prière à l'intention de l'instant présent. Avec l'éblouissement comme le moindre des remerciements à adresser à la beauté du monde.

Deux courbes se rejoignent à leur extrémités

Créent un jour

Comme deux rideaux de théâtre

Tout peut partir de là

De cette proposition

Un jour dans la matière

Tout de suite on envisage

Le temps y passe aisément

Les doigts caressent les bords

Le regard y plonge

Ce n'est pas la matière qui nous interroge

C'est ce qu'elle nous cache et nous dévoile

Elle n'a d'intérêt que parce qu'elle cerne le jour

Le vide et la matière fabriquent l'ouverture

On y chante nos espoirs d'échos

On y laisse des offrandes

En espoir d'échos

Toute matière n'est qu'une promesse de jour

Un œil où l'on regarde

Bertjeff -Été de chien- 2016